Et voila un texte édifiant je trouve aussi :
Enseigner et apprendre....
Apprendre et enseigner....
Enseigner ou apprendre....
Apprendre ou enseigner.....
Laquelle des expressions est la plus juste ?
Tout dépend de la place que l'on occupe.
Tout dépend de la place que l'on donne.
L'élève apprend et enseigne
L'élève apprend ou enseigne;
Le professeur enseigne et apprend
Le professeur enseigne ou apprend.
I° - L'élève apprend ou enseigne ?
L'élève apprend.
Il reçoit de son professeur, qu'il soit professeur à l'éducation nationale, professeur précepteur, professeur instructeur, éducateur sportif ou autre, de tout celui qui dispense un enseignement, un enseignement, des connaissances, des informations qui sont sensés l'aider à se retrouver dans la jungle de ses savoirs, des savoir-faire, des savoir-être.
Peut-on dire que l'élève enseigne au professeur plutôt que d'apprendre ?
L'élève enseigne, par son comportement, au professeur la manière de conduire la transmission des savoirs qui en fera le citoyen de demain.
L'élève, par son manque d'attention, par son manque de concentration, par son agitation, par son papillonnage, sa distraction, son verbiage, enseigne au professeur que la façon dont il s'y prend, ne correspond pas aux besoins qu'il éprouve.
L'élève lui montre à quel point ce qui lui est enseigné lui est inaccessible.
Du coup, l'élève lui montre à quel point il ne peut pas apprendre.
L'élève met le doigt où cela fait mal.
Parce que, tel qu'il s'y prend, il met le professeur mal à l'aise. Face à un malaise que le professeur ne parvient pas à nommer. Il ressent des émotions, des émotions qui ne sont pas encore identifiables faute de pouvoir être nommées.
L'élève met le doigt où cela fait mal.
Ce n'est pas forcément le professeur lui-même qu'il remet en question.
C'est la pratique pédagogique que le professeur emploie que l'élève l'invite à remettre en question pour lui faciliter l'accès au savoir, aux connaissances.
L'élève met le doigt où cela fait mal.
L'élève, en mettant le doigt où cela fait mal, peut aussi être le reflet d'éléments de connaissances, de pratiques non maîtrisées, mal maîtrisées, mal employés, détournés de sa fonction, assombris par des intentions pas forcément très louables. Chez certains, le choix de détourner la fonction peut être volontaire, par vengeance. Chez d'autres, c'est une soumission à un commandement qui impose un mode de fonctionnement complètement abrutissant, ahurissant, incohérent. En se soumettant, le professeur se tait, plie mais ne tait pas sa propre souffrance, souffrance que l'élève ressent et dont il se fait le reflet par son comportement.
II° - L'élève apprend et enseigne
L'élève apprend et enseigne bien sûr.
Mais, ce qu'il apprend n'a pas toujours ou quasiment jamais un rapport avec ce dont il a besoin. Il apprend à se conduire, à se comporter, mais à se conduire et à se comporter d'une manière qui n'a rien à voir avec le vivre harmonieusement ensemble.
L'élève apprend à y faire le clown, à être le reflet de ce qu'est le professeur, des valeurs que l'éducation nationale véhicule. Mais, il' n’y apprend ni à acquérir le savoir, les savoir-faire, le savoir-être ni à acquérir un comportement social facilitant la vie harmonieuse ensemble.
Ce qu'il apprend, c'est aussi à enseigner à ces professeurs ce qui ne fonctionne pas. L'élève lui fait une démonstration éloquente de ce qui ne fonctionne pas, de ce qui conduit à l'échec. L'élève apprend à l'école à échouer, à se détourner de son véritable chemin, pour cheminer sur le même chemin que son professeur : celui du mal être, celui du malheur, celui de l'échec, celui de rater sa vie, de passer à côté de sa véritable vocation, de sa véritable contribution à la société.
III° - Le professeur enseigne ou apprend ?
Le professeur croit qu'il enseigne.
Quand on regarde les minables résultats du PISA, c'est à se poser la question..... Enseigne-t-il ?
Il s'est formaté à une pédagogie.
On lui a fait croire monts et merveilles en lui enseignant ces pratiques pédagogiques.... On lui a demandé, voire même imposé de s'imposer des convictions qui n'ont rien à voir avec la réalité de la vie, des conditions complètement incohérentes. Des convictions qui trahissent des contradictions avec ses propres croyances. Des contradictions qui font souffrir le professeur parce qu'il voit bien que l'élève s'en fout royalement de ce qu'il enseigne.
Le professeur est blessé par ce qu'il voit.
Mais, de là à remettre en question des pratiques pédagogiques, le professeur soumis hésite.
Il craint le retour de bâton de la hiérarchie.
Il craint les brimades de ses collègues, le blâme de son supérieur hiérarchique.
Où l'intérêt de l'enfant ? Où l'intérêt du professeur ?
Ni l'un ni l'autre n'y trouve d'intérêt.
Parce que sûr que sa pédagogie fonctionne, tant cela lui a été rabâché à l'école, le professeur n'apprend pas de ce qu'il vit. Il ne remet pas en question ce qui ne fonctionne pas.
Quant en plus, certains professeurs enseignent des matières dont ils ne maîtrisent même pas le sujet. Ils croient la maîtriser. Mais, en réalité, il a multiplié les années sur les bancs de la faculté dans une course folle au diplôme pour le justifier quand il veut rentrer à l'école de professorat.
Mais, si on le questionne sur le sujet, ses idées sont confuses. Il n'est pas capable de transversalité. Il n'est pas capable de remettre son sujet dans la réalité de la vie et de l'univers. Il s'en tient à cette accumulation de savoirs dont on ne peut pas appliquer la moindre théorie ou presque dans la réalité de la vie. Il s'enfonce, s'enferme dans des explications tordues, brumeuses, alambiquées...... dont il perd lui-même le fil.
Le professeur a appris, croit-il, une montagne de connaissances qu'il croit le rendre tout puissant, maître de tout sur tout et n'importe quoi.... Mais en réalité, avec sa montagne de savoir, de diplôme, il n'est qu'un colosse au pied d'argile. Puisque, quand l'élève met le doigt sur là où cela fait mal, le professeur rentre dans une colère noire, insulte l'élève, lui infligeant un "t'es un con", "t'as rien compris", "tu ne feras rien de ta vie", "t'es un bon à rien"........ Et, j'en passe des meilleurs.
Par expérience, j'ai eu un extraordinaire professeur d'anglais.... L'un des meilleurs que j'ai pu croiser dans ma carrière d'élève. Lui avait l'amour du métier d'enseignant, n'avait pas peur d'enseigner, pas peur de se laisser dépasser par ses propres élèves. Il s'en réjouissait même. Parce qu'il nous motivait à apprendre plus pour que nous lui apprenions ce que nous avions découvert. Quand j'ai croisé d'autres professeurs, bien moins au point sur la matière qu'ils enseignaient, ils étaient vert de rage de se rendre compte que je m'exprimais, que je maîtrisais mieux qu'eux ce pour quoi ils avaient usé leur fond de culotte sur les bancs de l'univers, malgré quelques années d'expérience derrière eux en enseignement et leurs multiples voyages dans le pays en rapport avec leur pratique.
IV° - Le professeur doit enseigner et apprendre.
Le professeur ne doit pas se contenter de la montagne de savoirs qu'il croit posséder.
La société évolue.
Ce qui lui a permis de valider son diplôme au moment où il l'a passé peut ne plus être vrai aujourd'hui. D'autant que la société évolue à un rythme fou. Les enseignements qu'il a reçus à son époque sont complètement dépassés, ont été remis en question, évincés, transformés au fil de l'évolution de la société.
L'enseignant doit apprendre de son expérience de vie, clarifier ses idées.
Il sent bien d'ailleurs qu'il est en décalage.
Il croit que c'est une vision d'esprit, une illusion....
Non, non ce n'est ni une illusion, ni une vision d'esprit.
Mais bien une réalité.
Ce décalage vient du fait qu'il n'a pas appris ni à remettre en question sa pratique pédagogique, ni à remettre en question ses valeurs, ni à remettre en question ses connaissances pour s'adapter à l'évolution de la société.
Les élèves trouvent son enseignement particulièrement confus, désorganisé, déstructuré, ennuyeux. Les élèves le lui montrent. Il préfère sanctionner l'élève en taxant de fainéant, de bon à rien, de minable, de perturbateur plutôt que de se remettre en question. Cela n'a rien d'étonnant que 140 000 élèves quittent chaque année le collège sans rien. Ils ont juste appris à s'ennuyer.
V° - Enseigner ou apprendre
Eh bien non. La société évolue.
Le temps passe. Les progrès viennent avec.
Les techniques changent. Tout ce qui est, est en perpétuel mouvement.
Et, un enseignant ne peut pas se permettre de se contenter d'enseigner quelque chose sans avoir osé fourrer son nez dans ce qui concerne l'évolution de sa matière, de sa pratique, sans faire un minimum de recherches et d'apprendre.
Il doit aussi apprendre de l'évolution de la société, de ses pratiques, de ses évolutions pour s'adapter à la réalité sociale, économique.....
La mission de l'enseignant est donc d'enseigner oui mais d'apprendre aussi. Il a besoin des deux. Son expertise incontestable dans son domaine ne suffit pas... Elle est expertise au moment où il a appris. Et, au fil des années d'enseignements qu'il accumule, ses enseignements reçus, son expertise s'effiloche parce que la société a évolué, a pris des voies qui n'ont plus rien à voir avec le moment où il a commencé sa carrière. L'enseignant doit impérativement apprendre, remettre au goût du jour son expertise, l'élargir, la développer.....
Car l'élève lui enseigne beaucoup de choses. Autant qu'il apprend.
L'élève d'hier n'est pas l'élève d'aujourd'hui.
L'élève d'hier lui a appris des choses.
L'élève d'aujourd'hui qui s'est adapté et a évolué avec la société lui en apprend d'autres.
Donc l'élève enseigne aussi au professeur certaines choses que l'enseignant doit apprendre.
Si le professeur refuse d'apprendre, l'élève refusera d'apprendre.
Pourquoi ?
Pourquoi l'élève devrait apprendre si le professeur refuse d'apprendre ?